Des limitations au titre de la protection du patrimoine architectural, paysager et environnemental
Les zones protégées
Cependant, cette règle n'est pas applicable sur certaines zones (article L.111-17 du code de l’urbanisme). Une autorisation d'urbanisme pour une installation photovoltaïque pourra donc être refusée :
- aux abords des monuments historiques,
- sur un immeuble classé ou inscrit au titre des monuments historiques
- dans le périmètre d'un site patrimonial remarquable (anciennement ZPPAUP, secteurs sauvegardé et AVAP)
- dans un site inscrit ou classé au titre du code de l'environnement ( L. 341-1 et L. 341-2 du code de l'environnement)
- à l'intérieur du cœur d'un parc national
- sur un immeuble protégé, en application des articles L. 151-18 et L. 151-19 du code de l’urbanisme
- dans des périmètres délimités, après avis de l'architecte des Bâtiments de France, par délibération du conseil municipal ou de l'organe délibérant de l'établissement public de coopération intercommunale compétent en matière de plan local d'urbanisme, motivée par la protection du patrimoine bâti ou non bâti, des paysages ou des perspectives monumentales et urbaines (pris dans les conditions R.111-24 du code de l’urbanisme).
La base de données Atlas Patrimoine répertorie une partie de ces zonages.
L'avis de l'architecte des bâtiments de France (ABF)
Les demandes d'autorisation d'urbanisme (permis de construire, déclaration préalable, etc.) sont transmises pour avis à l'architecte des bâtiments de France lorsque les travaux sont prévus aux abords ou sur un monument historique, dans le périmètre d'un site patrimonial remarquable ou dans un site inscrit ou classé au titre du code de l'environnement. Selon les cas, cet avis peut être contraignant ou non.
Lorsque l’installation photovoltaïque est située à moins de 500m d’un monument historique, l'architecte des bâtiments de France est systématiquement sollicité. S’il y a covisibilité entre le monument historique et l’installation photovoltaïque, l’avis de l’architecte est contraignant pour l'autorité qui délivre l'autorisation d'urbanisme, (aussi dit « avis conforme »). En l’absence de covisibilité, l’avis de l’architecte est un avis simple.
Lorsque l’installation photovoltaïque est située dans le périmètre d'un site patrimonial remarquable (par exemple un bourg, un village ou un quartier typique), l'avis de l'ABF se base sur le document de gestion du site et est également contraignant.
Lorsque le projet fait l'objet d'un avis conforme négatif de l'ABF, le maire et le demandeur peuvent saisir le préfet de région pour réexamen. Ce dernier se prononce après étude du dossier par la commission régionale du patrimoine et de l'architecture. Le demandeur peut également demander l'intervention d'un médiateur. L'absence de réponse du préfet dans les deux mois vaut accord tacite si c'est le maire qui est à l'origine de la saisie et refus tacite si c'est le demandeur (voir la note détaillée de la DRAC des hauts-de-France à ce sujet ). Si ces étapes ne donnent toujours pas satisfaction, il est possible de faire un recours contentieux devant le tribunal administratif.
Instruction des services centraux (2022)
Une instruction des services centraux de l'Etat de décembre 2022 entend améliorer la prévisibilité de l'avis de l'ABF en proposant des préconisations par typologie de sites :
- priorité donnée aux espaces artificialisés (zones logistiques, zones d'activité, zones industrielles, parkings, hangars, grandes surfaces commerciales, etc.)
- encouragements à délivrer des avis favorables pour les toitures des bâtiments post 1948, sauf s'il s'agit de monuments historiques ou si le projet "porte atteinte à l'architecture de bâtiments remarquables (labellisés ou non), au paysage" ou si les panneaux solaires sont interdits par le règlement de la zone (Site Patrimonial Remarquable ou autre)
- réserves quant aux bâtiments datant d'avant 1948 et pour les projets situés en site patrimonial remarquable (et équivalent): les projets pourront être acceptés "s'ils sont compatibles avec la conservation et la mise en valeur du patrimoine et du paysage"
- préconisation d'éviter les monuments historiques, sauf si le lieu d'implantation est "discret" ou si la nature technique du bâtiment le justifie
- vigilance sur la bonne insertion paysagère et patrimoniale des projets dans les sites classés et inscrits au titre du code de l'environnement et les biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial
Parmi les autres préconisations, figurent notamment le recours aux solutions "moins standardisées (teintes, types de châssis)" et le fait de privilégier les emplacements peu visibles depuis l'espace public.
À noter qu'une instruction n'est pas opposable aux porteurs de projets, mais qu'elle constitue une doctrine d'instruction de leurs demandes d'autorisation d'urbanisme.
Guide de l'insertion architecturale et paysagère des panneaux solaires (2023)
Le
guide de l'insertion architecturale et paysagère des panneaux solaires (2023)
, co-rédigé par le ministère de la Culture, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et le ministère de la Transition énergétique vient préciser les principes s'appliquant aux installations en périmètre protégé au titre du patrimoine et des paysages ainsi que formuler des recommandations à destination des porteurs de projet par critère d'insertion et contexte d'implantation.